Après 2 mois d’usage intensif, je vous propose de revenir sur la Steam Deck de Valve, ce pc au format console portable continue de me surprendre jour après jour et j’aimerai vous faire un retour sur les usages réels afin de répondre au maximum à vos interrogations.
Je vais d’abord parler de l’aspect portatif puisque les vacances se terminent et cela a été l’occasion de tester la bête sur ses performances, sa compatibilité, et surtout le point le plus attendu, son autonomie. On parlera ensuite du mode bureau, à savoir est-ce que la Steam Deck peut remplacer un PC au quotidien ? La réponse devrait vous plaire.
En vacances : la mobilité, le terrain de jeu de la Steam Deck
Les vacances, c’est fait pour décompresser et on nous recommande souvent de lâcher le PC… Pour ma part, impossible, il me fallait au moins le PC portable et la box 4G sous la main pour pouvoir assurer un minimum de travail au beau milieu du camping. Mon portable Gamer MSI me permet de jouer, et potentiellement de me passer de la Steam Deck puisqu’il est bien plus performant avec sa RTX 2070 super et son Intel Core i7 de 12e génération. Oui mais… Vous le savez, les portables Gaming, si vous n’avez pas une prise de courant à quelques mètres… vous ne tenez pas la demi-heure en jeu. Et puis avec la canicule, la chaleur dégagée avec le portable sur les genoux, non merci. J’attendais donc de la Steam Deck qu’elle place la barre au moins aussi haut qu’une Switch, car même si les gosses ont chacun la leur, la ludothèque de Nintendo ne m’intéresse que très peu, et je préfère avoir ma lourde bibliothèque Steam sous la main.
Et il faut bien admettre que les composants de la console portable de Valve ont été judicieusement choisis. L’écran et sa résolution de 1280×800 ne laissent pas apparaître les pixels lorsqu’on a la console en main, ce qui permet de jouer à des jeux récents dans de faibles résolutions. A vrai dire, la taille de l’écran présente un autre atout. En effet, si je prend l’exemple de Farming Simulator ou même de Death Stranding, deux titres auxquels j’ai (sans doute un peu trop) joué durant mes congés, il n’est pas nécessaire de pousser les réglages de qualité graphique au maximum et une configuration sur “Moyen” suffit largement pour profiter des jeux dans d’excellentes conditions.
Une fois cela dit (ou écrit), il est intéressant de se pencher sur les réglages d’autonomie proposés par la “Deck”. La bête arbore 2 touches spéciales, la première est la touche “Steam” qui permet d’afficher le menu du logiciel phare de Valve. La seconde, c’est la touche “…” (aussi appelée touche “trois ptits points”). Elle permet de rentrer dans les réglages de la console : Wifi, Bluetooth, luminosité,… et surtout un onglet directement lié aux performances, qui donne la possibilité de définir des réglages pour chaque jeu indépendamment.
On peut clairement dire que Valve tape très fort dans l’environnement logiciel. Outre l’OS (on y revient plus tard) optimisé aux petits oignons, le constructeur a la totale maîtrise du hardware. Si l’autonomie de base, après déballage, avoisine les deux heures de jeu, il est tout à fait possible et simple de doubler cette valeur pour arriver, dans le cas d’un Death Stranding à 3h30 de jeu, et même à 4h30 sur Farming Simulator 22. Une prouesse si on compare ce résultat à la Nintendo Switch, qui, pour arriver à 5h de jeu, doit faire de lourdes concessions graphiques. Il suffit de comparer des jeux communs aux 2 plateformes, comme SnowRunner, qui tourne sans problème en FullHD / 60 fps / qualité max, sur la plateforme de Valve.
Pour arriver à ce résultat, l’APU AMD dispose d’un réglage parlant : la consommation, exprimée directement en Watt. De base, le cœur (ou plutôt le cerveau) de la Steam Deck affiche un TDP (enveloppe thermique) de 15 W, et un GPU tournant à 1600 MHz maximum. Le menu de réglage des performances permet, via un curseur, de descendre le TDP maximum à 5W et la fréquence du GPU à…. 200 MHz !
Inutile de vous dire qu’à ces fréquences minimum, les jeux récents sont injouables. Mais… Des titres comme Farming Simulator 15/17, des jeux en 2D, ou des émulateurs, se contentent de cette maigre consommation. L’autonomie s’envole alors à 8h ! Plus raisonnablement, j’ai pu jouer plus de 4h à FS 22 avec un TDP de 8W et une fréquence GPU de 800 MHz, le tout à 40 fps. Et le framerate a également son importance. L’écran de la Steam Deck pouvant aussi être bridé, en passant de 60 images par secondes à 40 minimum. Ce qui reste tout à fait correct en termes de débit d’images et suffisamment confortable pour les yeux.
Enfin pour conclure avec l’usage vacances, j’ai également pu profiter de NetFlix et Disney+ (pour ne pas manquer la sortie du navet “Prey”) via le navigateur web du mode Bureau. Ici on profite clairement des 8h d’autonomie annoncées par Valve. Cet autre usage est une parfaite transition pour parler des capacités “PC” de la Steam Deck.
En mode Bureau, sur son dock, la Steam Deck remplace le PC
Il m’aura fallu attendre la fin des vacances pour recevoir, enfin, le dock JSAUX commandé fin juillet. Je ne pouvais attendre la sortie du modèle officiel prévu en fin d’année par Valve. Le constructeur chinois a coupé l’herbe sous le pied de l’américain en proposant le “Upgraded Docking Station for Steam Deck HB0603”.
Cette station d’accueil en aluminium dispose d’une port Gigabit Ethernet, de 3 ports USB 3.0, d’un port HDMI et d’une prise USB-C pour l’alimentation. Une fois posée dessus, la Deck passe automatiquement en mode Bureau. Là encore, l’effort d’ergonomie proposé par Valve est remarquable. Aucune configuration n’est nécessaire. Vous profitez directement du nouvel écran branché, pour ma part, un 27” en QHD, et même le dongle USB pour mon micro/casque Sennheiser est reconnu et fonctionnel dans la foulée.
SteamOS : Un Linux pour les gouverner tous
Autrefois réservé aux geeks, Linux a fait bien du chemin. Des distributions comme Ubuntu ont largement contribué à démystifier l’usage de cet OS, avec une simplicité d’usage proche d’un Windows ou d’un MacOS. SteamOS propose une expérience similaire. Ici, tout est clé en main, optimisé, prêt à l’emploi. Que ce soit pour un geek affûté ou pour vos grand-parents. On retrouve un “bouton démarrer” qui affiche la liste des logiciels installés et un utilitaire permettant d’en installer des nouveaux gratuitement (vive le logiciel libre), nommé Discover. Alors quoi, on peut réellement remplacer le PC de la maison ? La réponse est un grand OUI (avec un petit “mais”…)
Pour un usage bureautique/web, tout y est. Vous retrouverez les traditionnels LibreOffice, Firefox, Chrome, et tout ce qu’il faut pour écouter de la musique, lire des vidéos (VLC par exemple), discuter via Discord… Mieux, mettre un pas dans le monde de Linux, c’est découvrir une multitude d’utilitaires exceptionnels, Discover proposant une longue liste de softwares classés par rubriques (outils de développement, éducation, jeux, graphismes, internet, multimédia, bureautique, sciences, etc.).
La petite ombre au tableau, s’il y en a une, c’est la jeunesse de l’OS. La plateforme est récente, et demande encore à mûrir. Les traductions françaises ne sont pas disponibles. L’interface graphique, gérée par KDE Plasma, est bien francisée, mais pas le cœur même de la distribution Debian qui propulse le tout. Résultat, une interface qui a parfois le cul entre 2 chaises, affichant des termes français parmi l’anglais. On retrouve un problème de langues également au niveau de la gestion du clavier, QWERTY par défaut, il faut ajouter la configuration AZERTY via les réglages clavier. Facile, mais le réglage saute régulièrement, basculant votre clavier en mode US sans prévenir.
Pour un usage 100% gaming, la Steam Deck trouve ses premières limites. Car, si jouer sur son petit écran avec sa résolution de 1280×800 fonctionne bien, la console portable de Valve est tout de suite moins à l’aise avec du FullHD ou plus ; la faute sans doute à une mémoire unifiée trop lente pour satisfaire les besoins graphiques des jeux. Reste la solution de jouer en mode “fenêtré” pour ajuster la résolution, sachant qu’au-delà de 1600×900 sur des jeux très récents, les performances commencent à en pâtir sérieusement. Dans tous les cas, si votre souhait est de jouer principalement sur un écran 4K, et secondairement en mobilité, alors passez votre chemin, la Steam Deck vous laissera sur votre faim.
Le CPU Custom fourni par AMD est pourtant plein de bonne volonté. Par exemple, il m’a été possible de streamer/enregistrer, avec OBS Studio, une session de jeu dès lors que ce dernier se contentait de la résolution standard de 1280×800. A l’usage pour un streameur, cela pourrait suffir. Dans mon cas par exemple, je joue en mode “fenêtré” FullHD pour une diffusion en 1280×720 à 30FPS. Concrètement, je pourrais réaliser mes streams Twitch du matin sur la Steam Deck, en limitant ma fenêtre à du 720p.
EDF va vous aimer
Terminons ce décorticage de la Steam Deck en parlant d’un point qui rentre pile dans l’actualité : L’énergie. On a déjà évoqué la faible consommation en mobilité de la console/PC. Mais sachez qu’en usage bureau, la Steam Deck explose n’importe quel PC en matière d’économie d’énergie. Oui, même des petits PC portables. Prise wattmètre à l’appui, un ensemble composé d’un écran 27”, de la Steam Deck avec clavier/souris et pad Xbox, ne tire pas plus de 70 W en charge et 40W en usage bureautique.
Les PC modernes sont capables, en bureautique, de descendre à des niveaux de dépenses énergétiques relativement bas. A titre d’exemple, ma configuration à base d’Intel Core i9 et de RTX 3070, ses 2 écrans et 40.000 périphériques USB, ne consomme “que” 130-150 W en navigation web. En revanche, en jeu, il n’est pas rare de dépasser allègrement les 400 W. Verdict, en jeu, et ramené à l’année, utiliser une Steam Deck pour jouer en configuration de bureau peut vous faire économiser environ 80€. Vous pouvez même compter la centaine d’euros en mode mobile. Et je ne vous parle pas de la chaleur et du bruit dans le bureau. A ce propos, le PC portatif de Valve chauffe peu, et n’émet aucun bruit, le ventilateur se déclenchant uniquement en jeu. On apprécie très vite “le bruit du silence”.
Un bilan très positif
Écrire sur la Steam Deck pourrait s’avérer sans fin. Il y aurait encore tellement à dire sur l’environnement logiciel, les offres, les accessoires, la compatibilité avec les jeux. Je préfère ne pas évoquer ces points qui sont en constante évolution. La liste de jeu « Steam Deck Ready” s’allonge jour après jour, et un titre annoncé non-compatible le lundi, peut le devenir via une update le mardi. Et à ce sujet, Valve est très (vraiment) très réactif, et suit son bébé de près. Les mises à jour s’enchaînent à bon rythme et promettent toujours plus de performances. Bref, le tableau est illuminé de voyants verts et se pencher sur ce concept de “PC Switch” n’est pas un mauvais investissement.