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Ubisoft : difficultés économiques et gouvernance en question

Selon une récente annonce d’Ubisoft, l’éditeur français de jeux vidéo prévoit de subir une perte de 500 millions d’euros pour l’exercice 2022-23, contre les 400 millions d’euros de bénéfices initialement prévus. Cette nouvelle a entraîné une baisse de 14 % de l’action d’Ubisoft, qui fait face à des difficultés économiques et de gouvernance. Les analystes pointent notamment du doigt les investissements controversés de l’entreprise ainsi que sa réorganisation récente et son modèle organique. Une enquête qui vient d’être publiée sur le site par jeux-video.com. Nous vous proposons un résumé de ce qui nous semble important à retenir.

Retrouvez l’intégralité de l’enquête « Ubisoft : faut-il s’inquiéter ? Enquête au cœur du modèle économique du géant français » sur Jeux-video.com.

Ubisoft, l’éditeur français de jeux vidéo, prévoit de subir une perte de 500 millions d’euros pour l’exercice 2022-23, contre les 400 millions d’euros de bénéfices initialement prévus. Cette annonce a entraîné une baisse de 14 % de l’action d’Ubisoft. L’entreprise a cité un climat économique difficile ainsi que la sous-performance de ses gros jeux de fin d’année, Just Dance 2023 et Mario + The Lapins Crétins Sparks of Hope. De plus, le choix de miser sur les jeux en free-to-play n’a pas porté ses fruits, et les reports de Skull and Bones, Avatar : Frontiers of Pandora et de Beyond Good & Evil 2 ont ajouté à l’incertitude. Ubisoft a connu une série de commentaires alarmants de la part des analystes financiers, certains considérant que cette situation affectait la crédibilité de l’entreprise vis-à-vis des investisseurs.

Une gouvernance menaçante

Des difficultés en termes de modèle économique, mais aussi de gouvernance. L’entreprise a beaucoup investi ces dernières années, ce qui constitue un risque pour les actionnaires si le chiffre d’affaires ne suit pas. Ubisoft a également procédé à des ajustements en matière de gouvernance, mais certains observateurs déplorent le manque de communication claire autour de cette réorganisation. En outre, l’équipe dirigeante, qui repose essentiellement sur des personnes historiques de l’entreprise, a un problème de gap générationnel, selon les analystes. Alors que la société a doublé ses capitaux engagés depuis 5 ans, les observateurs attendent une croissance en face. Bien que la firme française ait été contrainte de donner du temps supplémentaire au développement de ses nombreux projets, elle est plus touchée que ses concurrents à cause de son modèle organique.

Des investissements controversés

Ubisoft a bénéficié d’amortissements dérogatoires depuis plus de 14 ans, lui permettant de déduire des frais pour payer moins d’impôts. Bien que cet avantage fiscal soit généralement accordé aux start-ups et aux entreprises en développement, Ubisoft, une société mature, pratique cet amortissement de manière massive à hauteur de 1,381 milliard dans les comptes.

Le modèle économique d’Ubisoft a été remis en question alors que les pertes de l’année passée ont conduit à une trésorerie négative. La société a reconnu que les investisseurs s’inquiétaient, mais a souligné qu’elle avait investi massivement dans ses employés, passant de 10 000 à 20 000 salariés en huit ans, et que ses investissements se faisaient par cycle. En 2019, la société s’est lancée dans une phase d’investissement avec une augmentation moyenne de 15 % de la R&D par année. Cependant, la crise sanitaire a rendu ce chemin plus difficile que prévu et l’industrie a fait face au phénomène de la grande démission. Les pertes de l’année s’expliquent en partie par une conjoncture difficile, mais également par l’impact très fort de l’investissement passé.

Ubisoft et Tencent : Quel avenir ?

Ubisoft est un éditeur dont la holding est détenue par les cinq frères Guillemot. La société est sous les projecteurs en raison de la présence de Tencent, géant chinois des nouvelles technologies, qui a investi 300 millions d’euros pour détenir 49,9 % du capital de Guillemot Brothers, le principal actionnaire d’Ubisoft, mais seulement 5 % des droits de vote, sans siège au conseil d’administration et sans droit d’approbation ou droit de véto. Cela soulève des questions quant aux motivations de Tencent. L’investissement de Tencent permet d’éviter toute OPA non désirée, le capital étant verrouillé, mais ne ferme pas la porte à un rachat complet. Le conseil d’administration d’Ubisoft a indiqué que la société peut continuer de se développer et de créer de la valeur tout en restant indépendante, mais qu’il s’assure que toutes les options restent ouvertes dans l’intérêt des actionnaires et des salariés.

Un manque de créativité et de prise de risque

Les employés d’Ubisoft se plaignent du manque de créativité dans la société et du fait que les décisions éditoriales soient basées sur des études de marché plutôt que sur des idées originales. Les développeurs craignent que la société se concentre uniquement sur ses licences les plus populaires et qu’elle soit frileuse à prendre des risques avec de nouvelles licences. Le directeur créatif de Steep et de Riders Republic, Igor Manceau, est parti en octobre 2022 après seulement un an en poste.

Celui qui aura la plus grosse ?

Ubisoft souffre d’une tendance à vouloir transformer tous ses jeux en productions géantes, ce qui a conduit à des retards coûteux et à des problèmes de développement. Par exemple, Skull & Bones aurait coûté plus de 200 millions d’euros et Beyond Good & Evil 2 plus de 150 millions d’euros, sans garantie de rentabilité. Ubisoft voudrait rivaliser avec des concurrents comme Call of Duty, qui utilisent jusqu’à 4 000 développeurs pour un épisode. Cependant, cette tendance entraîne également des problèmes de gestion de personnel, avec des employés qui se retrouvent sans projet et des équipes qui doivent être réaffectées lorsque des projets sont annulés.

Retrouvez l’intégralité de l’enquête « Ubisoft : faut-il s’inquiéter ? Enquête au cœur du modèle économique du géant français » sur Jeux-video.com.

En résumé
L’éditeur français de jeux vidéo Ubisoft annonce une perte de 500 millions d’euros pour l’exercice 2022-23, contre les 400 millions d’euros de bénéfices initialement prévus, principalement en raison d’un contexte économique difficile et de la sous-performance de ses jeux phares. Les commentaires alarmants des analystes financiers et les difficultés rencontrées par d’autres éditeurs de jeux vidéo ont également affecté la crédibilité de l’entreprise vis-à-vis des investisseurs. Ubisoft est confronté à des difficultés en termes de modèle économique et de gouvernance, et le manque de communication claire autour de sa réorganisation est également préoccupant. La présence de Tencent, géant chinois des nouvelles technologies, qui a investi 300 millions d’euros pour détenir 49,9 % du capital de Guillemot Brothers, le principal actionnaire d’Ubisoft, soulève également des questions quant aux motivations de Tencent.